Recrutement et emploi des docteurs dans les administrations publiques
L’initiative docteurs et administrations (IDeA) est un groupe de travail composé de jeunes agents publics, docteurs et doctorants, dont l’objectif est d’étudier et de faire connaître les débouchés des docteurs au sein de la fonction publique, hors du secteur académique.
Voici un extrait du Rapport de l'IDeA "Recrutement et emploi des docteurs dans les administrations publiques", octobre 2021.
L’administration, recruteur méconnu de docteurs.
Si l’enseignement et la recherche constituent les débouchés principaux du doctorat, plus de 15% des jeunes docteurs rejoignent chaque année le secteur public hors académique, à la fois au sein de l’État, des collectivités et des hôpitaux. Cette insertion des docteurs au sein des administrations est peu visible et peu étudiée. Les différents acteurs du doctorat, ainsi que les docteurs et doctorants eux-mêmes, décrivent généralement les carrières accessibles sous forme d’une dichotomie entre le privé ou l’académique, le reste du secteur public étant inexistant. Ce constat peut s’expliquer par le manque de communication entre les universités et les administrations. En outre, ces dernières disposent très rarement de statistiques internes sur leurs employés titulaires d’un doctorat, et le mentionnent peu sur leurs fiches de postes. Les réflexions sur la place du doctorat dans l’administration gagnent progressivement en importance, même si elles restent actuellement concentrées sur la haute fonction publique.
Les emplois des docteurs dans le public.
Au sein des administrations, les docteurs occupent une grande variété de postes, dont la typologie peut être construite au regard de leur expérience de recherche. Nombre d’entre eux sont ainsi employés comme experts ou analystes sur une thématique proche de leur discipline de thèse (mais rarement leur sujet d’étude). Leurs compétences permettent à l’État de développer des capacités d’expertise indépendantes et souveraines dans de nombreux domaines. De nombreux docteurs sont également recrutés à l’interface avec le monde académique, par exemple dans des activités de valorisation ou de financement de la recherche. En outre, leur légitimité forte sur des sujets scientifiques complexes les oriente aussi vers des postes de gestion de politiques publiques ou de gestion de projets. Au sein des instances internationales, l’accès à des postes à responsabilité est facilité par la détention d’un doctorat. La présence de docteurs au sein des administrations françaises apparaît donc pertinente pour occuper ces postes.
Des voies de recrutement variées.
Depuis 2013 (loi Fioraso), les corps de catégorie A doivent ouvrir des concours spéciaux ou adaptés aux docteurs, qui bénéficient alors d’épreuves dédiées et d’une reprise d’ancienneté. L’existence de ces concours semble paradoxalement peu connue au sein de la population cible. Dans le cas particulier de la catégorie « A+ », ces concours ouvrent une à trois places par corps, et les admis sont souvent diplômés d’une grande école, au détriment des profils « universitaires ». Si la communication se fait principalement au sujet de ces concours spéciaux ou adaptés, la plupart des docteurs sont en fait recrutés par d’autres voies. D’une part, l’accès aux corps de fonctionnaires se fait aussi via des concours externes non-dédiés aux docteurs, ou sur certains concours internes. En outre, d’après l’EEC de l’INSEE, près de la moitié des docteurs employés par l’État sont agents contractuels. Dans ce cadre, le doctorat n’est pas l’objet d’une bonification salariale, à de rares exceptions près. Enfin, les recruteurs font état de difficultés pour évaluer les compétences des docteurs et la qualité scientifique de leur thèse. Ils se reposent donc parfois sur les autres diplômes ou expériences.
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