Par Khaled AMRANI
Agronome et doctorant à l’UGA, au sein du laboratoire Pacte territoires vous livre son retour d’expérience...
« Je finalise actuellement une thèse qui porte sur l’évaluation de la durabilité des agrosystèmes oasiens en Algérie. Ce travail de recherche a débuté en décembre 2014. Mon terrain de recherche se trouve dans la ville-palmeraie de Ouargla dans le Sud-Est du Sahara algérien, non loin de la frontière tunisienne. Sans entrer dans les détails, cette recherche consiste à faire un diagnostic systémique qui croise l’apport de plusieurs disciplines scientifiques : l’agronomie, l’économie et la sociologie.
Les motivations qui m’ont poussé à entamer ce long travail de 5 ans sont les constats de dégradation de la palmeraie de Ouargla sur le plan environnemental (érosion des ressources phyto-génétiques, disparition du savoir-faire, altération de la fertilité des terres, régression de la valeur marchande des produits oasiens et pour finir, un exode de la palmeraie au profit du béton).
Toutefois, le ‘’mérite’’ revient aussi à un « facteur catalyseur ». Ma rencontre avec Georges TOUTAIN (voir page Wikipedia [1], m’a permis de finaliser ce projet de thèse alors que je travaillais à la DRAAF Rhône-Alpes (à Lyon) en tant qu’inspecteur phytosanitaire chargé de mission abeille. Certes, le parcours n’a pas été facile, je dirais même assez difficile car je me suis autofinancé, mais cela en valait la peine. D’abord parce que c’est un sujet qui me tenait à cœur, ensuite, parce qu’il n’y a pas assez de personnes qui travaillent sur ces thématiques dans des régions arides à climat pénible (jusqu’à 50.3 °C en été !). C’est un terrain encore vierge peu exploré (alors, avis aux intéressé(e)s !)
Originaire de Grenoble (né à la Tronche), je me suis installé à Ouargla en 2015 pour être au plus près de mon terrain expérimental. Peu de temps après, un projet de coopération européen, le PAP ENPARD, voit le jour et je suis engagé en tant qu’expert pour faire une étude nationale préliminaire sur l’état des oasis algériennes qui a abouti au constat préoccupant : une menace imminente sur les espaces oasiens en Algérie. Par la suite, un autre projet porté par la coopération allemande (GIZ) baptisé PASA (Programme d’Appui au Secteur de l’Agriculture en Algérie) est lancé ; projet pour lequel je suis actuellement en mission en tant que conseiller technique filière dattes et piment. Il consiste à valoriser les chaines de valeur des dites filières en apportant l’appui de la GIZ en partenariat avec l’INRA Algérie.
En réalité, le « facteur de réussite » réside, à mes yeux, dans la persévérance et les activités scientifiques diverses, en amont, qui vous octroient une certaine visibilité et reconnaissance professionnelle. J’ai animé plusieurs conférences et publié de nombreux articles grand public qui m’ont permis de construire un réseau relationnel assez riche.
Le reste s’est fait ensuite, presque, tout seul. Il faut juste essayer d’être au bon endroit au bon moment ! Bon courage à toutes et à tous et n’hésitez pas si besoin de conseil… »
[1] Georges TOUTAIN a mis en place un concept et une approche dont on parle peu mais qui peut se révéler très utile. Pour consolider les liens sociaux entre les différents acteurs économiques oasiens, il préconise techniquement de créer des parcelles agricoles pilotes pour fédérer des producteurs leaders qui a leur tour vont réunir des producteurs convaincus du bien-fondé de la démarche. C’est une approche participative autour d’un objet concret qui convie à interagir collectivement et de façon concertée.
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