Longtemps, l’image perçue du docteur et du doctorat était celle d’un laboratoire poussiéreux où s’activent des savants déconnectés de la réalité du secteur privé. Ce qui n’affectait alors pas forcément les futurs docteurs qui se projetaient en quasi-totalité dans un futur professionnel académique. Mais les temps changent. Du côté des doctorants et docteurs, les perspectives évoluent au gré de l’évolution des besoins de la société. En effet, les données de mon précédent sondage (Les compétences, le doctorat et vous) ont montré qu’environ 40% des doctorants souhaitent épouser une carrière dans le secteur privé. Mais qu’en est-il de la vision actuelle des recruteurs du secteur privé au sujet des docteurs et de leurs compétences ?
Suite à un sondage, nous avons pu recueillir l’opinion de 13 recruteurs, appartenant à des secteurs d’activités variés, uniformément représentés. Pour la moitié du panel, les répondants avaient, eux-mêmes, réalisé un doctorat.
Le premier élément notable et qui est encourageant pour les docteurs, est que tous les sondés sans exception ont déjà embauché au moins un docteur depuis moins de 5 ans. Et pour 70% d’entre eux, ils en ont même déjà recruté plusieurs au cours de ces 5 dernières années.
Concernant les compétences, les recruteurs ont chacun leur propre vision des compétences qu’ils souhaitent privilégier chez un futur collaborateur. Certains vont rechercher des compétences transversales et notamment l’autonomie tandis que d’autres vont s’appuyer essentiellement sur la recherche d’un savoir-faire et de connaissances scientifiques approfondis. D’autres encore estiment qu’aucune compétence ne doit être privilégiée par rapport aux autres. Et plus particulièrement, 60% des sondés pensent que les compétences analytiques, la persévérance, la rigueur, la réflexion intellectuelle construite pour un projet ou encore la veille scientifique ont été acquises pendant la thèse.
Les recruteurs identifient l’adéquation avec les compétences attendues principalement lors de l’entretien d’embauche en engageant une discussion notamment sur le parcours scientifique du docteur en lien avec l’activité de l’entreprise afin de cerner si certaines compétences pourront être mobilisées pour le poste brigué. Pour compléter cette reconnaissance des compétences, certains éléments complémentaires pourront être demandé par le recruteur au candidat-docteur dans le but de constater si le docteur est capable de se rendre accessible et de communiquer sur ces travaux avec une personne qui ne seraient pas experte dans son domaine.
Il y a cependant un bémol : les recruteurs sont unanimes, la thèse ne donne pas aux doctorants la capacité réelle à se projeter complètement en entreprise et cela car ils font souvent face à une méconnaissance du système ainsi qu’à un manque de capacité à bien saisir les enjeux financiers et les mécanismes concurrentiels. Ces « manques » s’expliquent par le fait que la majorité des docteurs n’ont jamais été confrontés au monde de l’entreprise. En ayant aujourd’hui connaissance de cet « écueil », chaque doctorant et jeune docteur peut s’informer et chercher à mieux comprendre le secteur privé afin de pouvoir montrer efficacement aux recruteurs dès ses premiers entretiens qu’il est à même de travailler dans ce monde. De plus, malgré leur opinion sur ce point, certains recruteurs ont conscience de la perfectibilité et de l’adaptabilité des docteurs et savent qu’il sera toujours temps pour eux d’apprendre à connaitre ce milieu une fois qu’ils y travailleront. Ce n’est donc pas un point qui sera un frein réel à l’embauche.
Les recruteurs sondés sont également tous d’accord pour dire que les docteurs sont une plus-value pour leur entreprise et cela pour plusieurs raisons. Notamment, parce que la thèse a été pour chaque docteur une expérience professionnelle de 3 ans minimum au cours de laquelle il a pu acquérir des connaissances approfondies. On peut également citer la créativité et l’ouverture d’esprit ou encore la capacité à savoir rapporter facilement et synthétiquement des résultats de travail. La thèse induisant un travail conséquent, elle donne également une assurance aux recruteurs quant aux capacités de travail des docteurs. Certains sondés évoquent aussi le fait que les docteurs, par leur différence, vont donner un regard nouveau à l’entreprise.
Ainsi, cette enquête dépeint un point de vue positif et encourageant de la part des recruteurs concernant les docteurs et montre qu’ils ont toute leur place au sein du secteur privé. Les docteurs de leur côté, en considérant leurs compétences en parallèle d’une analyse des intérêts pour l’entreprise pourront efficacement prouver aux recruteurs qu’ils sont capables de répondre pleinement à leurs attentes et les rassurer par une projection collective au sein de l’entreprise. Toutes les chances sont alors du côté du docteur !
Et vous ? Comment envisagez-vous votre poursuite de carrière post-thèse ? Vous avez besoin de conseils ? n’hésitez pas à contacter le PhD Career center : phd-career-center@univ-grenoble-alpes.fr
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